« Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne. »
Aldous Huxley
Ernest Renan, la mondialisation, le partage des hommes, la science et l’oppression pour le progrès : une vieille histoire.
« La fin de l’Humanité, c’est de produire des grands hommes ; le grand œuvre s’accomplira par la science, non par la démocratie. » Dialogues et fragments philosophiques, 1876 « La nature a fait une race d’ouvriers. C’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien. » La Réforme intellectuelle et morale, 1871. « Nous aspirons, non pas à l’égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s’agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d’en faire une loi. »
La Réforme intellectuelle et morale, 1871
James Burnham (1905-1987) et la « Révolution managériale »
Les idées de Burnham ont eu une grande influence sur le courant néoconservateur américain.
L’Ère des organisateurs
Burnham est connu pour son ouvrage The Managerial Revolution, publié en 1941, qui a fortement influencé le roman de George Orwell, 1984. Il y développait l’idée de la bureaucratisation des sociétés modernes. Selon l’auteur américain, la structure dirigeante des États totalitaires était la préfiguration d’une « révolution managériale » qui devait toucher tous les États : le développement des sciences et de la technique conduirait à l’émergence d’une nouvelle classe sociale intermédiaire (entre prolétariat et bourgeoisie), les « techniciens », qui imposeraient peu à peu leur pouvoir dans les rapports de production. Ces « organisateurs », « placés à la tête de ces grandes unités de pouvoir que sont la grande industrie, l’appareil gouvernemental, les organisations syndicales, les forces armées, constitueront la classe dirigeante », et ce indépendamment des types de régimes politiques et économiques de l’époque (capitalisme, communisme, fascisme).
Selon cette théorie, il y a un lien causal direct entre le niveau de développement d’un pays et son régime politique. Cette analyse préfigure dans une certaine mesure la thèse de la technostructure développée par John Kenneth Galbraith dans Le Nouvel État industriel (1967) et celle de Raymond Aron portant sur la société industrielle. Capitalisme et communisme seraient tous deux dépassés par l’émergence d’une nouvelle société dominée par les gestionnaires (« managers »).
Plus tard, Pierre Naville accusera Burnham de s’être approprié les thèses de l’italien Bruno Rizzi (exposées dans son ouvrage La Bureaucratisation du monde) pour rédiger The Managerial Revolution : « J’ai lu Managerial Revolution en 1945 et j’ai aussitôt reconnu l’essentiel des idées de Rizzi, moins l’originalité et la verdeur de la pensée. C’est pourquoi j’écrivais en 1947 que Burnham avait purement et simplement copié Rizzi. Je dis copié car il ne s’agit pas d’une rencontre d’idées. Burnham connaissait “Bruno R.” (sinon Rizzi) dès sa polémique avec Trotsky, et après sa rupture avec le marxisme il s’appropria simplement la thèse de Rizzi pour en faire un best-seller américain, sans mentionner son obscur prédécesseur. »
Quand Maurice Papon, dans L’ère des responsables (1954) cite James Burnham et Le Meilleur des Mondes
Jacques Attali : Changer, par précaution
L’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que quand elle a vraiment peur : elle met alors d’abord en place des mécanismes de défense ; parfois intolérables (des boucs émissaires et des totalitarismes) ; parfois futiles (de la distraction) ; parfois efficaces (des thérapeutiques, écartant si nécessaires tous les principes moraux antérieurs). Puis, une fois la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté individuelle, et les inscrire dans une politique de santé démocratique.
La pandémie qui commence pourrait déclencher une de ces peurs structurantes.
Si elle n’est pas plus grave que les deux précédentes peurs liés à un risque de pandémie (la crise de la vache folle de 2001 en Grande Bretagne et celle de la grippe aviaire de 2003 en Chine), elle aura d’abord des conséquences économiques significatives (chute des transports aériens, baisse du tourisme et du prix du pétrole) ; elle coutera environ 2 millions de dollars par personne contaminée et fera baisser les marchés boursiers d’environ 15 % ; son impact sera très bref (le taux de croissance chinois n’a baissé que pendant le deuxième trimestre de 2003, pour exploser à la hausse au troisième) ; elle aura aussi des conséquences en matière d’organisation (En 2003, des mesures policières très rigoureuses ont été prises dans toute l’Asie ; l’Organisation Mondiale de la Santé a mis en place des procédures mondiales d’alerte ; et certains pays, en particulier la France et le Japon, ont constitué des réserves considérables de médicaments et de masques).
Si elle est un peu plus grave, ce qui est possible, puisqu’elle est transmissible par l’homme, elle aura des conséquences véritablement planétaires : économiques (les modèles laissent à penser que cela pourrait entrainer une perte de 3 trillions de dollars, soit une baisse de 5 % du PIB mondial) et politiques (en raison des risques de contagion, les pays du Nord auront intérêt à ce que ceux du Sud ne soient pas malades et ils devront faire en sorte que les plus pauvres aient accès aux médicaments aujourd’hui stockés pour les seuls plus riches) ; une pandémie majeure fera alors surgir, mieux qu’aucun discours humanitaire ou écologique, la prise de conscience de la nécessité d’un altruisme, au moins intéressé.
Et, même si, comme il faut évidemment l’espérer, cette crise n’est très grave, il ne faudra pas oublier, comme pour la crise économique, d’en tirer les leçons, pour qu’avant la prochaine, inévitable, on mette en place des mécanismes de prévention et de contrôle et des processus logistiques de distribution équitable des médicaments et de vaccins. On devra pour cela mettre en place une police mondiale, un stockage mondial et donc une fiscalité mondiale. On en viendra alors, beaucoup plus vite que ne l’aurait permis la seule raison économique, à mettre en place les bases d’un véritable gouvernement mondial. C’est d’ailleurs par l’hôpital qu’à commencé en France au 17ème siècle la mise en place d’un véritable Etat.
En attendant, on pourrait au moins espérer la mise en œuvre d’une véritable politique européenne sur le sujet. Mais là encore, comme sur tant d’autres sujets, Bruxelles est muet.
Jacques Attali, publié le 03/05/2009 à 12 h 16, Changer par précaution, l’Express
Le rapport Rockefeller de 2010 : autoritarisme étatique et suspension des libertés maintenus et renforcés après une pandémie
Il est utile ici de revenir sur un rapport très pertinent publié il y a dix ans par la Fondation Rockefeller, l’un des principaux bailleurs de fonds de l’eugénisme dans le monde, et créateur d’OGM entre autres.
Le rapport en question porte le titre fade de Scénarios pour l’avenir de la technologie et du développement international. Il a été publié en mai 2010 en coopération avec le Global Business Network du futurologue Peter Schwartz. Le rapport contient différents scénarios futuristes développés par Schwartz et son entreprise. L’un des scénarios porte le titre intriguant de LOCK STEP : Un monde où le contrôle gouvernemental est plus strict et le leadership plus autoritaire, où l’innovation est limitée et où les citoyens sont de plus en plus réprimés. Ici, cela devient intéressant comme dans ce que certains appellent la programmation prédictive.
Selon le scénario Schwartz, « En 2012, la pandémie que le monde avait anticipée pendant des années a finalement frappé. Contrairement à la grippe H1N1 de 2009, cette nouvelle souche de grippe – provenant des oies sauvages – était extrêmement virulente et mortelle. Même les nations les mieux préparées à la pandémie ont été rapidement dépassées lorsque le virus a fait son apparition dans le monde entier, infectant près de 20 % de la population mondiale et tuant 8 millions de personnes en sept mois seulement… ». Il poursuit : « La pandémie a également eu un effet mortel sur les économies : la mobilité internationale des personnes et des biens s’est arrêtée, ce qui a affaibli des industries comme le tourisme et brisé les chaînes d’approvisionnement mondiales. Même localement, des magasins et des immeubles de bureaux normalement très fréquentés sont restés vides pendant des mois, sans employés ni clients ». Cela me semble étrangement familier.
Puis le scénario devient très intéressant : « Pendant la pandémie, les dirigeants nationaux du monde entier ont fléchi leur autorité et imposé des règles et des restrictions hermétiques, allant du port obligatoire de masques faciaux à la vérification de la température corporelle à l’entrée des espaces communs comme les gares et les supermarchés. Même après l’atténuation de la pandémie, ce contrôle et cette surveillance plus autoritaires des citoyens et de leurs activités se sont maintenus et même intensifiés. Afin de se protéger contre la propagation de problèmes de plus en plus globaux – des pandémies et du terrorisme transnational aux crises environnementales et à l’augmentation de la pauvreté – les dirigeants du monde entier ont pris une main plus ferme sur le pouvoir. »
Chantons l’Âme marseillaise!
Raoult-Fouché : quand deux bouches du Rhône
nettoient les écuries de Paris au karcher – peuchère!
La charte de Biderman
La charte de Biderman de la torture psychologique, également appelé principes de Biderman, est un tableau élaboré par le sociologue Albert Biderman en 1957 pour illustrer les méthodes de torture chinoises et coréennes sur les prisonniers de guerre américains pendant la guerre de Corée. Ce tableau répertorie huit principes généraux et chronologiques de torture qui peuvent briser psychologiquement un individu.
Malgré les origines de la charte à l’époque de la guerre froide, l’organisation non gouvernementale Amnesty International a déclaré que ce tableau contient les « outils universels de la torture et de la coercition ». Au début des années 2000, ce tableau a été utilisé par des interrogateurs américains au camp de détention de Guantanamo Bay à Cuba . Elle a également été utilisée pour analyser les abus psychologiques commis par les auteurs de violence domestique. (Wikipedia)
Le tableau comprend les méthodes de coercition suivantes :
- Isoler la victime : priver la personne des soutiens et liens sociaux qui lui donnerait la capacité de résister. Développer chez la victime une inquiétude intense à propos d’elle-même. Rendre la victime dépendante de l’autorité.
- Monopoliser la perception : fixer l’attention de la victime sur une situation difficile et urgente, forcer son introspection. Éliminer les informations pouvant contredire celles de l’autorité. Punir toutes les actions d’insoumission.
- Induire l’épuisement : affaiblir la volonté de résistance, qu’elle soit physique ou mentale.
- Présenter des menaces : cultiver l’anxiété, le stress, et le désespoir.
- Montrer des indulgences occasionnelles : procurer une motivation à respecter les ordres, à obéir, et à se soumettre. Empêcher également ainsi à l’accoutumance aux privations imposées.
- Démontrer la toute puissance du pouvoir : suggérer l’inutilité et la futilité de la résistance à l’autorité.
- Dégrader la victime : faire apparaître le prix de sa résistance comme plus dommageable que sa capitulation pour l’estime de soi. Réduire la victime au niveau de la survie animale.
- Exiger des actions stupides et insensées : développer les habitudes de soumission à l’autorité, même pour des ordres totalement stupides, inutiles et infondées. Briser le libre arbitre et les capacités de jugement de la victime